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Le rôle du monteur de finition

  • Photo du rédacteur: Manuel A. Codina
    Manuel A. Codina
  • 8 avr.
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 9 avr.

Quand nous parlons d'un monteur vidéo, tout le monde devine aisément le travail de cette personne. Mais un monteur de finition, ça fait quoi au juste?

 

Pour résumer, le monteur de finition est celui, ou celle, qui va finaliser le projet au niveau de l'image. Il va entre autres s'assurer que la colo est appliquée partout et qu'il est en présence de la dernière version approuvée.


Il va ensuite insérer tous les titres reçus de l'infographe, mais pourrait aussi créer ces titres ou en ajouter de nouveaux. Cette opération est critique, car, de façon générale, le client va fournir les textes à mettre à l'écran. Cependant, il peut se glisser des coquilles ou des discontinuités de style. C'est là que toute l'attention du monteur de finition est vitale : c'est lui qui va relever les erreurs et les corriger, le tout en accord avec la production.


Exemple de titre Call Out
Exemple de titre Call Out

Le monteur de finition va aussi composer le générique selon des paramètres établis par le diffuseur ou la production. Ces paramètres vont de la durée du générique à l'insertion d'images en mortaise et du type de générique. Nous avons des génériques par «cartons» ou chaque page défile une à la suite de l'autre et nous avons les génériques déroulants, comme nous voyons au cinéma. Ce dernier type est très délicat à programmer car nous devons nous assurer que le déroulement ne provoque pas de scintillement. Pour ne pas scintiller, un générique doit défiler d'un nombre exact de pixels par image, sinon, les lignes fines du texte se trouveront parfois à cheval entre deux lignes de pixels, et apparaîtront tantôt en entier, tantôt tronquées. Il faut utiliser des expressions dans After FX ou Fusion pour réaliser ces génériques et, fait important, reprogrammer le défilement quand nous changeons de résolution. Un générique en HD ne défilera pas du même nombre de pixels qu'un générique en 4K.

Conception d'un générique comprenant des logos dans Fusion

Une des tâches moins connues des monteurs de finition est le remplacement d'écrans et le masquage d'objets. Le remplacement d'écran est, comme son nom l'indique, le remplacement d'un écran filmé éteint dans lequel on incruste une image. Cela permet d'accélérer grandement le tournage et de ne pas interférer sur le jeu des comédiens et la prise de son. Ça simplifie aussi grandement la continuité. Certaines personnes mettent des croix et un fond vert dans l'écran filmé pour aider à faire le «tracking» ou suivi de caméra en français. Cette méthode avait du bon à une certaine époque, mais avec les nouvelles techniques de rotoscopie et de compositing, il est maintenant beaucoup plus profitable de filmer un écran éteint où on voit les réflexions. Ces dernières seront très utiles pour faire croire que l'image vue sur la télévision ou le téléphone était réelle lors de la prise de vue.

Exemple d'image correcte pour incrustation d'écran

Le masquage d'élément indésirable dans l'image est un monde en soi. Cela pourrait faire l'objet d'un post entier! Mais en voici les grandes lignes : masquer un logo, cacher un micro dans une réflexion, flouter un visage, etc.


Flouter un visage comme son nom l'indique consiste à appliquer un masque sur le visage d'une personne, en faire le suivi et ajouter un effet pour rendre la personne non identifiable. De façon générale, on fait cela avec un flou (Blur) mais ça peut aussi être une pixelisation. C'est le masquage le plus simple à faire. Par contre, dans certains cas, une personne ou un objet va passer en avant-plan. Dans ce cas, il faudra faire une rotoscopie ou animer un masque pour ne pas voir le flou sur l'objet en avant-plan. Ceci ne ferait pas professionnel.


Visage du chauffeur flouté
Visage du chauffeur flouté

Masquer un logo peut être aussi simple que flouter un visage. Dans plusieurs cas, c'est suffisant. Mais quand on veut complètement cacher le logo par une texture similaire au fond, il faut utiliser des techniques plus poussées. Nommément, le «Surface Tracker» dans Fusion qui va reconnaître le logo et ses déplacements (par exemple sur un vêtement) et le remplacer par la texture du vêtement qui va suivre les plis du textile. Sur un panneau ou une voiture, ce sera plus simple, un masque de couleur ou un clone des pixels adjacents vont suffire à faire disparaître le logo non désiré. Dans l'exemple ci-bas, il y a 4 logos distincts cachés par la couleur appropriée.



Cacher un micro dans une réflexion. Cette situation est fréquente en fiction. Par exemple, nous filmons un personnage dans une voiture et, dans les vitres de cette dernière ou sur la carrosserie, on aperçoit l'équipe technique ! Ici, pas d'hésitation, il faut rendre la réflexion floue ou littéralement changer le panneau par une couleur. Cette dernière méthode est plus délicate cependant. Dans l'exemple ci-dessous, j'ai pris le plan large montré plus haut et flouté les panneaux de carrosserie en bas du Jeep. (Il n'y avait pas d'équipe dans cette image, car c'est une image de making-of, mais les réflexions au bas du Jeep étaient très nettes et aurait été un bon candidat pour une équipe dévoilée!)


Bas de caisse floutée pour amoindrir les réflexions d'équipe
Bas de caisse floutée pour amoindrir les réflexions d'équipe

Finalement, le monteur de finition va visionner à plusieurs reprises le projet pour s'assurer que rien n'a été oublié. Les titres, les coquilles, les notes de montage, etc. Ensuite, son rôle sera d'exporter la piste maîtresse «master» et la version «textless» du projet pour les versions internationales. L'encodage sera fait selon les normes établies lors de la préparation du projet.


Bref, le monteur de finition est la dernière personne qui va travailler sur l'image avant qu'elle ne soit envoyée au contrôle de qualité et à la diffusion. Son rôle est essentiel et, lorsque bien fait, invisible !



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